[ACAB] « Il critiquait Nicolas Sarkozy quand il était dans l’opposition. Désormais au pouvoir, il s’en inspire. »

CONFERENCE DE PRESSE DE MANUEL VALLS SUR LA POLITIQUE DE SECURITE 2012 - 2013Il a demandé à Christiane Taubira des peines aggravées à l’encontre de ceux qui s’en prennent aux forces de l’ordre.

Il critiquait Nicolas Sarkozy quand il était dans l’opposition. Désormais au pouvoir, il s’en inspire. Manuel Valls a signalé ce week-end qu’il voulait proposer à sa collègue de la Justice, Christiane Taubira, que l’on sanctionne davantage les agresseurs de policiers. «Je proposerai à la garde des Sceaux, dans le cadre des réformes pénales à venir, qu’on aggrave les peines (…)», a-t-il ainsi affirmé.

Cette déclaration retentit de manière toute particulière au lendemain d’affaires au cours desquelles des fonctionnaires ont été pris pour cible, la plus dramatique survenant à Paris, le 21 février dernier. Deux policiers y ont été tués alors qu’ils tentaient de stopper des malfrats sur le périphérique. Une semaine plus tard, un autre agent a risqué sa vie à Marseille, violemment heurté par la voiture d’un malfaiteur. Entre-temps, lors d’une tentative de braquage dans la capitale, des voyous ont ouvert le feu sur des policiers. Pas de blessés, cette fois, mais cette attaque reflète l’aggravation générale de la violence.

«Beaucoup de policiers dans notre pays depuis des années sont mis en cause par des individus particulièrement violents (…); il n’est pas normal que de jeunes individus particulièrement dangereux ne soient pas aujourd’hui en prison et aient uniquement des peines trop légères», a martelé Manuel Valls.

Cet engagement ne peut être que favorablement accueilli par les syndicats de police qui n’ont de cesse de tirer la sonnette d’alarme sur des interventions policières de plus en plus périlleuses. «On assiste à une démocratisation des armes et l’émergence de braquage de proximité», rappelle ainsi Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergie-Officiers. À la place d’équipes chevronnées, des petits voyous, soudain armés au détour de trafics, montent au braquage dans l’impréparation, au risque de dérapage mortel. A cela s’ajoutent les rebellions, les outrages… L’an passé, 6 morts en mission de police (trois fonctionnaires, trois militaires) ont été dénombrés, auxquels s’ajoutent les 5.630 blessés parmi les policiers et les 1.342 parmi les gendarmes selon les chiffres de l’Intérieur. «En plus de dix ans, on relève une hausse de 180 % des agressions», déplore Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint d’Alliance (gradés et gardiens).

Tenant compte de cette violence déjà bien ancrée, l’ancien président, Nicolas Sarkozy, avait déjà adressé un message de fermeté demandant l’aggravation des sanctions contre les agresseurs de policiers, lors de son discours de Grenoble de juillet 2010. Des paroles qui s’étaient traduites par le vote, en décembre de la même année, de la loi d’orientation et de programmation sur la sécurité intérieure et qui avait allongé la période de sûreté à 30 ans pour les meurtriers de personnes dépositaires de l’autorité publique.

«L’individualisation des peines n’est plus adaptée»

«Les propos de Manuel Valls vont indiscutablement dans le bon sens», souligne Jean-Claude Delage, le secrétaire général d’Alliance, en poursuivant: «Le ministre est sincère. Il est tout simplement rattrapé par la réalité du terrain.» Seulement, les syndicats donnent peu cher du devenir de ces déclarations. «Valls est à contre-courant de ce qui se trame aujourd’hui», indique Frédéric Lagache. Place Vendôme et au lendemain d’une vaste réflexion – la conférence de consensus -, Christiane Taubira, convaincue que «l’incarcération crée plus de récidive», souhaite, en effet, défaire une partie de l’arsenal pénal existant. Et de prêter une attention toute particulière aux experts prônant la libération conditionnelle pour les longues peines et les «peines de probation» en remplacement de courts séjours carcéraux.

Déjà sous l’ère Sarkozy, les forces de l’ordre n’avaient pas pleinement obtenu satisfaction. «Il avait certes réaffirmé l’autorité de l’État, mais les magistrats n’avaient pas sanctionné plus lourdement les agresseurs de policiers», relève Frédéric Lagache. Ils avaient continué, selon lui, à condamner sans fermeté, sans recourir notamment aux peines maximales encourues et qui, selon le Code pénal, sont aggravées pour les crimes et délits contre les personnes dépositaires de l’autorité publique. Avec la nouvelle politique pénale qui se dessine, cette tendance ne fera que s’aggraver redoutent les syndicats. «L’individualisation des peines n’est plus adaptée face à la violence. Il faut des peines plancher, seule méthode dissuasive», insiste le responsable de Synergie-Officiers. Or celles qui existent à ce jour et qui concernent les seuls récidivistes sont aujourd’hui en sursis. Christiane Taubira veut justement les supprimer.

Source : Presse récidiviste (Le Figaro)

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