Hier lundi 15 avril à 17h10, les huissiers sont passés au squat l’Etape. Ils ont tout visité, pris des photos et les identités. Ils avaient une « requête à fin de constat » et une ordonnance obtenue du juge Philippe Darrieux, premier vice-président du Tribunal de Grande Instance qui leur donnait la possibilité de se faire assister d’un serrurier et s’assurer le concours de la force publique.
En effet, il est facile pour ceux qui sont tout puissants de violer les droits fondamentaux des gens. Car tout ce système de requêtes permet entre autres de bafouer le droit d’avoir un procès équitable. Déjà cette justice expéditive fleure mauvais l’abus de pouvoir, mais c’est la négation de la justice même. Justice expéditive répétons-le, encouragée par les juges.
D’après la requête à fin de constat « la requérante [la commune de Poitiers] a en conséquence le plus grand intérêt à faire constater cette situation [occupation sans droit ni titre] et les conditions actuelles d’occupation des lieux. ». Nous nous interrogeons : à quelle fin mettre en place cette procédure de justice expéditive ? Est-ce pour constater qu’il y a des personnes et familles à la rue aujourd’hui à Poitiers et que la municipalité se rende à l’évidence et arrête de dénier cette réalité ?
Eh bien non, la requête précise sans surprise : l’occupation de l’immeuble du 6 rue d’Oléron cause « un trouble manifestement illicite qu’il s’agit de faire cesser ».
Quel cynisme ! N’est-ce pas plutôt la misère et le fait d’être sans abri, qui plus est avec des enfants dont certains ont à peine un an et des femmes enceintes, qui est « un trouble manifestement illicite qu’il s’agit de faire cesser ». Rappelons que ces locaux, crées spécialement pour accueillir des familles, sont vacants depuis un an et demi et en train de se dégrader. Le « trouble manifestement illicite qu’il s’agit de faire cesser » est bien la violation systématique des droits humains fondamentaux par les autorités, et en particulier la préfecture, et non pas l’occupation de ces locaux qui sont voués à être vendus et qui resteront vacants jusqu’au moins le 30 novembre 2013 puisque l’acquéreur, qui veut réhabiliter tout l’intérieur, a mis comme condition dans le compromis de vente de trouver la moitié de ses acquéreurs (8 sur 16) d’ici là. Ce qui, vu la crise, ne semble pas vraiment gagné. En fait, toute cette opération n’est-elle pas une tentative de soustraire ces locaux adéquats à sa vocation première : accueillir des personnes et des familles dans le besoin ?
Car les besoins sont immenses et les solutions peu nombreuses. Alors que le nombre de places du CHUS (115) et les autres solutions d’hébergement et de logement semblent avoir fortement diminué, le SIAO est asphyxié par le nombre des demandes et les associations sont contactées tous les jours par des personnes et des familles sans logis ou mal logées. Il y a aujourd’hui dans le squat l’Etape 5 familles et une personne seule soit 18 personnes dont 8 enfants (1 an, 2 ans, 5 ans, 6 ans, 8 ans, 10 ans, 13 ans et 14 ans) et 2 femmes enceintes. Deux autres familles sans logis (6 personnes dont 2 enfants de 2 ans et 4 ans et une femme enceinte) devraient y venir cette semaine. Deux autres familles (9 personnes dont 5 enfants) encore la semaine d’après.
Enfin, pourquoi le maire, au lieu de saisir la justice et d’envoyer huissiers et policiers pour « constater l’occupation » ne s’est-il pas déplacé lui-même ? Il aurait bien-sûr été reçu et aurait pu échanger avec les occupants. Ils auraient même pu lui faire des propositions pour sortir par le haut de cette situation. En particulier, de contracter une convention d’occupation précaire ou alors mettre à disposition du CHUS ces locaux jusqu’à leur vente effective.
Pourquoi alors faire cette « requête » si ce n’est pour faire peur et intimider, terroriser des personnes et des familles qui n’ont rien fait de mal, au contraire puisque étant en état de nécessité, ils se sont réfugiés et protégés eux et leurs enfants dans des locaux inoccupés et promis à la rénovation sinon à la destruction ?
Au lieu de chercher à faire peur aux gens et à les intimider, le maire de Poitiers devrait mettre en œuvre vraies solutions.
Mise à disposition des logements et locaux vacants des collectivités, réquisitions des logements privés vacants.
Un logement est un droit avec ou sans papiers
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