[Faux amis] DAL 17 : « Les bonnes relations de l’association avec la préfecture et la police permettent toutefois d’éviter des drames. »

l-equipe-du-droit-au-logement-en-charente-maritime_1123151_460x306En 2012, le DAL (Droit au logement) a recensé 175 expulsions pour la seule ville de La Rochelle. L’association juge qu’on va « vers une hausse de 15 à 20 % des expulsions locatives » cette année. L’heure de la fin de la trêve hivernale, repoussée de quinze jours par Cécile Duflot, sonnera le 30 mars. Pour certaines familles, ça ne change pas grand-chose.

Le DAL est donc débordé par les appels à l’aide. Les bonnes relations de l’association avec la préfecture et la police permettent toutefois d’éviter des drames. Pas toujours, mais souvent.

L’action du DAL pourrait être plus efficace si les relations étaient aussi bonnes avec le Conseil général, ce qui est loin d’être le cas, selon M. Elbouali.

Pour aider le DAL, qui a du mal à vivre de bénévolat et d’eau fraîche, on peut faire des dons (contre reçu) ou acheter le sweat-shirt de l’association (30 euros). Renseignements et accueil au 06 45 63 67 00.

Le DAL en ordre de marche

C’est mercredi, jour de permanence au DAL 17. Dans le local de l’avenue Kennedy, loué par la mairie de La Rochelle à l’association, moyennant 440 euros par an, une vingtaine de personnes sont réunies. Des gens en détresse, menacés d’expulsion à quelques jours de la fin de la trêve hivernale, et des militants de Droit au logement (DAL). Parmi ceux-ci, la doyenne, Janine, 80 ans, et le benjamin, Jean-Baptiste, 18 ans.

Créée par Mehdi Elbouali il y a trois ans, l’association compte aujourd’hui 130 adhérents, dont une vingtaine très impliqués. Comme Ludovic Baudry, 26 ans, chargé de la communication, et Yasmina Parage, 28 ans, déléguée aux finances. C’est-à-dire à la gestion de la modeste trésorerie du DAL 17, qui ne reçoit aucune subvention et fonctionne grâce au bénévolat des militants.

Réorganisation

Ludovic est vendeur à domicile, Yasmina agent polyvalent au Conseil général. En dépit d’une vie professionnelle bien remplie, tous deux ont choisi de rejoindre l’association. Laquelle est en pleine réorganisation après la démission, samedi dernier, de son président, Jean-René Kernel.

Enseignant au lycée Jean-Dautet de La Rochelle, il a présidé le DAL pendant six mois, avant de jeter l’éponge – il n’est même plus membre de l’association – pour « des raisons de divergence politique ».

Mais ce n’est pas l’absence de président qui empêchera le DAL de fonctionner. Cette association pas comme les autres dont, rappelle Mehdi Elbouali, la devise est « Un toit, c’est un droit », est une structure collective. Et c’est collectivement qu’elle va désormais œuvrer, grâce à une direction collégiale. En clair : « On procède à un vote et on prend la décision. Des mandats seront donnés à certains pour représenter le DAL » auprès des bailleurs et des pouvoirs publics.

Quant à l’accueil des sans-logis, des mal logés ou des expulsés et à la gestion de leurs dossiers – le pain quotidien du DAL – ils seront assurés par des membres de l’association dont M. Elbouali va assurer la formation. « Au final, dit Yasmina, il s’agit pour nous de pouvoir faire ce que faisait Mehdi, mais sans lui. »

« Plus de clergé chez nous »

Ce qui ne signifie pas que Yasmina et les autres veulent se débarrasser du fondateur. Bien au contraire. Mais ils veulent être à la hauteur, afin que le DAL 17 continue à être efficace et respecté, et afin de permettre à Mehdi Elbouali de prendre un peu de champ, après trois années éprouvantes. « On va partager les problèmes et les responsabilités, explique-t-il. Il n’y aura plus de figure charismatique. J’étais le porte-parole du DAL mais j’avais beaucoup de gens autour de moi. Désormais, il n’y a plus de clergé chez nous. »

M. Elbouali va donc assurer une sorte d’intérim, puis il se fera de plus en plus discret. Et ne s’en plaindra pas. « C’est vraiment très dur. Le DAL est reconnu aujourd’hui, parfois adulé, mais toujours attaqué. »

« J’ai été pris en otage pendant trois ans », poursuit-il. Allusion à la difficulté de tenir compte de « l’aile gauche » du DAL, tout en négociant des solutions avec les autorités préfectorales et policières. « Les gens qui s’adressent au DAL ne viennent pas pour faire de la politique mais pour résoudre leurs problèmes. »

Après « une période d’adversité » et de dissensions internes, le DAL 17, « qui est un peu le mouton noir de la Fédération », selon M. Elbouali, repart à la bataille. « Il doit retrouver son visage d’avant », renchérit Yasmina. Entendez : avant les dissensions des derniers mois.

Source : Presse du dialogue social (Sud Ouest)

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