Le comité anti-expulsions de Saintes a accompagné, hier lundi, trois familles de sans-papiers au tribunal. Elles sont menacées d’être expulsées de leurs appartements.
Comment et où loger des personnes sans-papiers qui attendent sur notre territoire la réponse à une demande de régularisation ? Hier après-midi, trois familles étaient convoquées au tribunal d’instance de Saintes devant le juge des baux d’habitation. Logées dans un immeuble de la rue Saint-François, à Saintes, elles ne payent plus leurs loyers depuis le mois de juillet 2012. Le propriétaire de l’immeuble n’a d’autre choix que de lancer une procédure d’expulsion. C’est ce qu’il a expliqué, hier, devant le juge.
Accompagnées par une trentaine de membres du comité anti-expulsions de Saintes, ces familles pointent du doigt la baisse des aides du Conseil général pour expliquer ces retards de paiements. « J’avais environ 1 000 euros par mois en aide éducative du Conseil général pour les enfants. C’est tombé à 300 euros. On ne peut plus payer notre loyer », fait constater Lamine Cissé, factures à l’appui.
Depuis juillet dernier, le Département a en effet décidé d’harmoniser cette aide éducative et d’allouer une somme de 100 euros à chaque enfant concerné. « Avec un plafonnement à 400 euros pour chaque famille », ajoute Patrick Falzone, membre du comité anti-expulsions, plus ennuyé par la forme que par le fond.
Le cas de Lamine Cissé
Ce dernier insiste : « Qu’on harmonise, très bien. Encore faut-il qu’on me le prouve. Ce que je vois, ce sont des gens qui ont été aidés à une certaine hauteur depuis des mois, voire des années pour certains, et qui se retrouvent, du jour au lendemain, avec une baisse conséquente de cette aide sans explications et sans avoir été prévenus. C’est comme si on tenait un enfant par la main pour l’aider à traverser et qu’on l’abandonne en plein milieu de la route. »
Lamine Cissé, 41 ans, Sénégalais, vit en France depuis 2002. Ses trois enfants sont nés ici et sont scolarisés dans des écoles de Saintes. Depuis, il attend une régularisation. « Sans elle, je ne peux pas trouver de travail et donc gagner de l’argent pour payer mon loyer », explique-t-il. Et s’il est venu en France, c’est, dit-il, pour fuir « la crise qui frappe les pays africains depuis plusieurs siècles ».
Le comité anti-expulsions réclame un accompagnement provisoire en attendant ces fameux papiers. « Il faut que la Ville de Saintes, la sous-préfecture et le Conseil général se mettent autour d’une table pour trouver une solution rapidement, sinon ces familles vont se retrouver à la rue avec les enfants. Et d’autres vont suivre », assure Patrick Falzone.
En connaissance de cause
Le propriétaire des logements, Julien Nicolas, dit ne plus pouvoir tenir. « J’ai un arriéré de 11 000 euros de loyers et ma banque ne veut pas reporter les échéances de crédit », confie t-il. Sur les occupants de ses huit appartements, seuls deux ménages continuent à payer normalement. Lorsqu’il a accepté d’accueillir ces locataires, Julien Nicolas connaissait leur situation.
« C’est la Ligue de défense des droits de l’homme qui me les a présentés », explique t-il. À ce moment-là, le Conseil général fournissait une aide financière assez conséquente à ces familles pour assurer le paiement d’un loyer tous les mois.
En août dernier, nous avions demandé à des membres du comité anti-expulsion pourquoi ils n’hébergeaient pas les demandeurs d’asile chez eux. « On l’a déjà fait, mais ce n’est pas satisfaisant. Il est certain que ça arrangerait tout le monde qu’on pallie les carences. En revanche, ça ne ferait pas avancer les choses », avait alors répondu la militante Agathe Morin.